Désenfumage ERP : guide pour protéger votre ERP

 

Le désenfumage est une mesure de sécurité cruciale dans les Établissements Recevant du Public (ERP) car il permet de contrôler et de réduire la propagation des fumées en cas d’incendie. Cette pratique est essentielle pour sauvegarder des vies, protéger les biens et la structure des bâtiments, et faciliter l’intervention des secours. La réglementation, notamment les articles tels que le DF 7, dicte les spécifications et les exigences pour les systèmes de désenfumage dans ces établissements.

 

Pourquoi le désenfumage est essentiel dans les ERP ?

 

Préservation de la vie humaine : Le désenfumage aide à maintenir des voies d’évacuation dégagées, permettant aux occupants d’évacuer rapidement et en toute sécurité en cas d’urgence. Elle permet de garantir une visibilité suffisante afin de faciliter l’évacuation des occupants, de maintenir une teneur en oxygène minimum et Diminuer au maximum la teneur en gaz toxique.

Protection des biens et de la structure du bâtiment : En réduisant la concentration de fumée, le désenfumage limite les dégâts causés par les incendies, préservant ainsi la structure du bâtiment et les biens matériels.

Facilitation de l’intervention des secours : Un environnement moins enfumé permet une meilleure visibilité et accessibilité pour les équipes de secours, ce qui est crucial pour une intervention efficace et rapide.

 

Quels ERP et quels éléments sont concernés par le désenfumage ?

 

ERP concerné

Les règles de désenfumage s’appliquent principalement aux locaux de plus de 300 m², qu’ils soient en rez-de-chaussée ou en étage, ainsi qu’aux espaces enterrés ou sans ouvertures directes sur l’extérieur de plus de 100 m².

 

Élément concerné

Cages d’escalier : Les escaliers sont des voies d’évacuation cruciales en cas d’incendie. Il est vital de les maintenir libres de fumée pour permettre une évacuation sécurisée des occupants et l’accès sécurisé des services de secours.

Désenfumage naturel : Chaque escalier dispose d’une amenée d’air d’1 m² et d’un dispositif de commande en bas, et en partie haute, d’un exutoire ou ouvrant d’1 m². Si le désenfumage naturel ne peut pas être réalisé car aucune ouverture n’est possible en partie haute, à titre exceptionnel, les escaliers peuvent être mis en surpression, entre 20 et 80 Pa, avec un ventilateur insufflant de l’air neuf en bas de l’escalier.

Couloirs et issues de secours : Ces zones guident les occupants vers les sorties. Le désenfumage aide à maintenir ces passages visibles et praticables.

Pour une extraction naturelle avec insufflation naturelle : il faut 10 dm2 d’amenée d’air neuf et d’évacuation par UP.

Si l’extraction est mécanique, le débit d’air extrait doit être de 0,5m3/seconde/UP, avec des amenées d’air naturelles dimensionnées de sorte que le débit d’air neuf soit équivalent, avec une vitesse de passage de cet air neuf de 5 m/seconde maximum.

Zones de stockage : Les entrepôts ou les zones de stockage, en particulier ceux qui stockent des matériaux inflammables ou combustibles, nécessitent souvent des systèmes de désenfumage pour contrôler les incendies et minimiser les dommages.

Parkings souterrains : Les parkings, surtout souterrains, peuvent devenir des pièges à fumée en cas d’incendie, rendant le désenfumage essentiel pour la sécurité.

Cuisines : Le désenfumage dans les cuisines, dans les environnements commerciaux ou industriels comme les restaurants, les cantines, ou les hôtels, est crucial en raison du risque élevé d’incendies liés à la cuisson

 

Les types de systèmes de désenfumage pour les ERP

 

Désenfumage naturel

Principe de Base : Le désenfumage naturel repose sur le principe que la fumée chaude monte vers le haut en raison de sa moindre densité comparée à l’air froid.

Composants du Système :

• Des exutoires de fumée : installés sur le toit ou en haut des murs, ces dispositifs s’ouvrent en cas d’incendie pour permettre à la fumée de s’échapper.
• Amenées d’air : Des ouvertures basses permettant à l’air frais d’entrer, ce qui aide à pousser la fumée vers les exutoires.

Activation : Les systèmes de désenfumage naturel peuvent être activés manuellement ou automatiquement. Les déclencheurs automatiques incluent souvent des détecteurs de fumée ou de chaleur.

Normes : Les ERP doivent respecter les normes NF S 61-933 pour les systèmes de désenfumage naturel, qui détaillent les exigences techniques et les méthodes de calcul.

 

Désenfumage mécanique

Principe de Base : Le désenfumage mécanique repose sur le principe d’aspiration de fumée En cas d’incendie, les détecteurs de fumée activent le système de désenfumage mécanique. Les ventilateurs commencent à extraire la fumée des zones sinistrées et Les clapets de désenfumage s’ouvrent automatiquement pour permettre l’évacuation de la fumée et se ferment pour empêcher la propagation du feu et de la fumée à d’autres parties du bâtiment.

Composants du Système :

• Ventilateurs d’extraction : Ces appareils sont installés pour aspirer la fumée hors des espaces sinistrés.
• Conduits de fumée : Ils canalisent la fumée depuis les zones touchées vers l’extérieur du bâtiment.
• Clapets anti-retours : Ils empêchent le retour des fumées et des flammes dans les zones non affectées.
• Commandes de système : Le système peut être activé manuellement ou automatiquement par détection de fumée.

Activation : Les systèmes de désenfumage naturel peuvent être activés manuellement ou automatiquement. Les déclencheurs automatiques incluent souvent des détecteurs de fumée ou de chaleur.

Normes : Les ERP doivent respecter les normes NF S 61-938 pour les systèmes de désenfumage mécanique, qui détaillent les exigences techniques et les méthodes de calcul.

 

Étapes clés pour l’implémentation d’un système de désenfumage efficace

 

Mise en place désenfumage naturel :

Définir l’usage du bâtiment et les réglementations applicables : Les exigences varient selon l’usage du bâtiment (commercial, résidentiel, industriel, etc.) et les réglementations locales ou nationales. Il est essentiel de connaître les normes en vigueur telles que celles spécifiées dans les codes de construction locaux ou les standards internationaux (comme l’EN 12101-2 en Europe).

Calculer la surface de désenfumage nécessaire : La surface totale des ouvrants de désenfumage (exutoires de fumée) doit être calculée en fonction de la surface du local et de sa hauteur. Généralement, la règle est d’avoir une surface d’ouverture correspondant à 1 à 2 % de la surface au sol du compartiment.

Choisir l’emplacement et le type d’ouvrants : Les exutoires de fumée doivent être placés au plus haut possible pour exploiter l’effet de la stratification de la fumée. Ils peuvent être des lanterneaux, des ouvertures en façade, ou des dispositifs installés en toiture. La sélection doit aussi prendre en compte la facilité d’accès pour la maintenance et la résistance aux intempéries.

Vérifier les parcours de fumée et les obstacles : Il faut s’assurer que le parcours de la fumée vers les ouvrants est libre de tout obstacle majeur qui pourrait entraver l’efficacité du désenfumage. Les analyses de dynamique des fluides computationnelle (CFD) peuvent être utilisées pour modéliser le comportement de la fumée.

 

Mise en place désenfumage mécanique :

Analyse des besoins du bâtiment : Comprendre l’usage du bâtiment (commercial, résidentiel, industriel, etc.), sa configuration, et la réglementation applicable est essentiel. Les normes varient selon l’usage et les spécifications locales.

Détermination des zones à désenfumer : Il faut identifier les zones qui nécessitent un désenfumage, souvent les zones à risques élevés comme les cuisines, les zones de stockage des matériaux inflammables, et les voies de circulation principales.

Calcul des débits d’air nécessaires : Le débit d’air nécessaire pour un désenfumage efficace dépend de plusieurs facteurs, tels que la taille et la hauteur du bâtiment, ainsi que la quantité de fumée prévue en cas d’incendie. Le calcul du débit se base généralement sur le volume de la zone à désenfumer et la fréquence de renouvellement d’air souhaitée (généralement 10 à 30 renouvellements par heure).

Sélection des ventilateurs : Choisir les ventilateurs capables de gérer les débits d’air calculés tout en résistant aux températures élevées générées par un incendie. Les ventilateurs doivent aussi être conformes aux normes locales de sécurité incendie.

Conception du réseau de conduits : Le réseau de conduits doit être conçu pour minimiser les pertes de charge et assurer une distribution efficace de l’air. Les conduits doivent également être résistants au feu et à la corrosion.

Emplacement des entrées et sorties d’air : Les entrées (prises d’air frais) et les sorties (évacuation de la fumée) doivent être stratégiquement placées pour maximiser l’efficacité du désenfumage et pour éviter la recirculation de la fumée.

 

Validation, contrôle et maintenance

Tous les calculs et choix de conception doivent être documentés et validés par les autorités compétentes ou par des experts en sécurité incendie.

Les systèmes de désenfumage doivent faire l’objet d’inspections visuelles régulières pour assurer leur bon fonctionnement. De plus, un test de vérification périodique doit être effectué chaque année.

Pour les systèmes de désenfumage, les inspections devront principalement évaluer :

• Le fonctionnement des dispositifs de commande, des exutoires, des ouvrants, et des réseaux de distribution.
• L’état général du matériel.
• L’étanchéité des conduits.
• La correspondance entre les dispositifs de désenfumage installés et les spécificités des locaux.

Sanction en cas de non-respect des normes de désenfumage

En France, le non-respect des normes de sécurité en matière de désenfumage dans les établissements recevant du public (ERP) peut entraîner des sanctions sévères, étant donné l’importance cruciale de ces systèmes pour la sécurité des occupants en cas d’incendie. Les ERP sont tenus de se conformer à des réglementations strictes qui prescrivent l’installation et l’entretien régulier des dispositifs de désenfumage. Le non-respect de ces normes peut résulter en des amendes substantielles, voire la fermeture temporaire ou définitive de l’établissement concerné. En outre, les responsables de l’établissement peuvent également être tenus pénalement responsables en cas d’accident ou de dommage résultant d’une négligence dans l’entretien ou la mise en œuvre des systèmes de désenfumage.

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